lundi 10 janvier 2011

A F R I C A

Ceci est un délit de sale gueule. Complètement assumé. 

Cette femme a une tête d'africaine.

Il n'y a qu'à regarder... ses cheveux sont nord-africains et sahéliens, son oreille typiquement camerounaise. On reconnaît clairement une bouche mozambicaine, des yeux ougandais et un sourcil éthiopien. Quand à son menton, s'il n'est pas sud-africain, c'est que je dois m'acheter des lunettes !

Idem est non esse et non probari

C'est la même que de ne pas être ou de ne pas être prouvé. Cette tradition juridique nous vient du droit romain. Pour que le juge tienne compte d'un fait, il faut le prouver. S'il n'est pas prouvé, le fait n'existe pas pour le juge, il n'en tiendra donc pas compte lors de l'élaboration de sa décision.

On peut estimer que la preuve est une constante du droit. Elle existe dans tous les droits, même pour les plus « primitifs ». Il fut un temps où l'épreuve du fer rouge était un mode quasi-universelle de production de la preuve. L'accusé tient un fer rougi au feu dans sa main pendant un certain temps. Si au bout de plusieurs jours la blessure guérit, on en déduit qu'il a dit la vérité.

Cela s'appelle un ordalie. La preuve est ici surnaturelle et révélée au juge.

On peut en donner de très nombreux exemples. En Mésopotamie, on faisait avancer les accusés dans le fleuve. S'ils n'étaient pas entraînés par le courant, on pouvait considérer leurs affirmations comme véridiques. Il n'y a pas si longtemps, les condamnés à mort par pendaison dont la corde se cassait au moment fatidique était graciés. Leur innocence était prouvée par un miracle.

L'ordalie a reculé. Mais elle n'a pas disparu. On le voit avec le serment sur la Bible dans les tribunaux américains. On s'expose à une auto-malédiction si l'on ment.

Néanmoins, en droit français, on ne considère plus la preuve comme surnaturelle et révélée. Jean Domat, au 17e siècle, disait que la preuve est "ce qui persuade l'esprit de la vérité". La preuve n'est pas l'entière démonstration de la vérité d'un fait. Ce n'est pas une preuve comme dans une démonstration scientifique.
En droit, la preuve recherche plus la conviction du juge que la vérité en soi.

mardi 23 novembre 2010

N'ayez pas peur, tout va pour le mieux

Une petite image sympathique. Elle date de la grippe. La Grande Grippe, celle de 2009. Vous savez, la « grippe porcine » (alors qu'elle est tout autant porcine qu'aviaire et humaine), aussi connue sous le nom de « grippe mexicaine » (son nom scientifique est « A/California/04/2009 (H1N1)»). Cette fameuse grippe A(H1N1) n'a finalement pas tenu ses promesses. Mais elle a au moins servi à montrer une chose : face à un tel risque potentiel (parce que la grippe espagnole, elle aussi H1N1, a provoqué la mort de 20 à 50 millions de personnes), nous devenons bien irrationnels...
 

dimanche 14 novembre 2010

Du Bellay regrette

Maintenant je pardonne à la douce fureur
Qui m’a fait consumer le meilleur de mon aage,
Sans tirer autre fruit de mon ingrat ouvrage
Que le vain passe-temps d’une si longue erreur.

Maintenant je pardonne à ce plaisant labeur,
Puisque seul il endort le souci qui m’outrage,
Et puisque seul il fait qu’au milieu de l’orage,
Ainsi qu’auparavant, je ne tremble de peur.

Si les vers ont été l’abus de ma jeunesse,
Les vers seront aussi l’appui de ma vieillesse,
S’ils furent ma folie, ils seront ma raison,

S’ils furent ma blessure, ils seront mon Achille,
S’ils furent mon venin, le scorpion utile
Qui sera de mon mal la seule guérison.
Les Regrets, XIII
1558

Petit essai de réflexion sur la réforme des retraites

Par rapport au problème des retraites, je pense que la question est au départ purement budgétaire. Il y a, proportionnellement, de moins en moins d'actifs par rapport aux retraités. Il y a deux raisons à cela. Premièrement, la croissance démographique fait que les retraités sont de plus en plus nombreux (en absolu, mais aussi en relatif par rapport aux actifs). Deuxièmement, les gens vivent de plus en plus longtemps. Je ne dis pas qu'ils vivent en bonne santé plus longtemps, mais un vieux cheminot complètement gaga sur son fauteuil roulant touche une retraite... même s'il ne peut pas vraiment en profiter. Donc le problème est que les cotisations des actifs ne suffisent plus à payer les retraites. Jusque là, je n'apprends rien à personne.
On en vient, avec ce constat, à un paradoxe intéressant. Aujourd'hui, en France, ce sont les vieux qui sont les plus riches. Les retraités n'ont, pour la plupart, pas de problèmes d'argent. Les français ont une tradition d'épargne et les dépenses des personnes âgées sont en général assez faibles.

On peut donc être d'accord sur le problème. Le système des retraites est en déficit constant, depuis de nombreuses années. On ne peut laisser les choses comme elles sont.

Mais alors, que faire ?

Déjà, il faut mettre de côté certaines fausses solutions proposées par certains partis, syndicats et hommes politiques. Mettre en relation les problèmes liés à la crise financière, au financement des banques en 2008 ou encore à tout ce qui est bouclier fiscal ou autre ne marche pas ici. Je suis totalement d'accord pour dire que l'on peut (doit ?) critiquer et penser ces questions, mais il ne faut pas tout confondre. Le système de retraite que nous avons actuellement en France date de la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est le conseil national de la résistance qui l'a imaginé. Il consiste en un système de solidarité, de redistribution, où les actifs financent ceux qui sont trop vieux pour travailler. Les actifs financent les retraités. Il s'agit donc bien d'un système clos. Des excédents, tout comme des déficits n'ont ici pas de sens. Le financement doit être direct. Et donc faire venir des fonds de l'extérieur n'est pas du tout logique. Il ne faut pas mélanger tous les problèmes.

Et donc d'où peuvent venir les financements pour remettre cette belle machine de solidarité inter-générationnelle en état de marche, c'est à dire à l'équilibre ? Il y a, en théorie, deux solutions possible. Tout d'abord, on peut envisager d'augmenter la durée de cotisation des actifs (c'est le dans ce sens que va la réforme qui vient de passer). Cette solution a l'avantage non seulement d'augmenter les cotisations (donc la partie en positif du budget), tout en réduisant le nombre futur de retraités (et donc la partie en négatif du budget). En agissant également sur les actifs, on pourrait imaginer augmenter l'importance des cotisations, en plus de leur durée. Ensuite, la deuxième solution serait d'agir sur les retraités. Deux possibilités : les taxer plus (en fonction de leurs revenus etc.) ou simplement réduire leurs retraites
Toutes ces solutions apparaissent évidemment comme des reculs  d'acquis, sociaux et financiers, qui peuvent être extrêmement démotivant et prouver une certaine morosité de l'économie et de la société française. Mais ce réajustement est nécessaire de par l'évolution démographique. Le pays pourrait s'enrichir ou s'appauvrir, la question resterait la même.

Parmi ces possibilités, il s'agit maintenant de trouver celle qui est la plus juste. Et c'est là que tout devient compliqué. Le gouvernement actuel a fait passé son projet de loi qui allonge la durée de cotisation. Y avait-il mieux à faire ? Le problème avec cette décision, est que l'on fait porter les erreurs du passé entièrement sur les épaules de ceux qui travaillent actuellement, et a fortiori, de ceux qui s'imaginaient déjà partir à la retraite à un âge "raisonnable" (de ce point de vue là, on peut dire que pour des jeunes qui savent dès leur entrée dans la vie active à quel âge ils partiront à la retraite, le problème se pose en d'autres termes ; il n'y a pas la "mauvaise surprise" qui bouleverse les projections sur l'avenir). Et par conséquent on se retrouve avec un système qui, en quelque sorte, se venge de la génération du baby boom. Ils ont constitué la "force vive" qui a considérablement augmenté le nombre des actifs (et qui donc a permis à de nombreuses personnes d'obtenir des retraites très avantageuses). Cette génération pose maintenant problème puisque les jeunes actuels ne pourront pas financer sa retraite. Il y a eu imprudence. Cette évolution était prévisible depuis des dizaines d'années. Des esprits prudents auraient dû décider de raisonner le système des retraite avant de se trouver face au mur.

On le voit, le problème n'est pas réellement démographique. L'évolution est belle et bien liée à la démographie, mais le problème, l'erreur, vient de la non-adaptation du système à cette évolution. À qui doit-on donc en vouloir ? À Mitterrand qui a continué de rendre plus favorable le système des retraites, condamnant ainsi la génération du baby boom à ne pas pouvoir en profiter ? Aux gouvernements suivants, de droite comme de gauche, qui n'ont pas pris conscience du problème et qui ont attendu le dernier moment pour agir ? Parce qu'on nous dit que la situation est urgente... et elle l'est. Il fallait donc y réfléchir avant. On a atteint le fond. On a creusé. Et c'est après qu'on se dit qu'il faut régler le problème.

On se retrouve maintenant dans une situation où tout le monde doit mettre la main à la poche. Déficit il y a. Rigueur il y aura. Les baby boomers dérégler la machine : les actuels retraités. Pour qu'une telle réforme soit la plus "juste" possible, il faut faire participer tout le monde. Sans oublier les retraités.


Voila donc mon avis sur la question des retraites. Ce n'est qu'un point de vue très général. À cela il conviendrait de rajouter de nombreuses considérations indispensables, mais moins primordiales que ces principes généraux. Par exemple, la pénibilité du travail doit absolument être prise en compte. Mais ce ne doit pas être seulement la dimension physique de la pénibilité qui est importante. Certes, le docker ou l'ouvrier en métallurgie, tout comme l'agriculteur, a un métier usant (au sens propre du terme). Mais d'autres métiers rendent directement impossible d'employer des personnes "âgées". On imagine mal ce que deviendra l'administration publique si tous les employés sont vieux. De même, une éducation nationale de "vieux profs" ne pourrait pas vraiment fonctionner. Il faut penser le problème de la pénibilité sous deux angles : le premier étant celui du "client" (le vieux prof sera moins efficace, la secrétaire âgée sera plus lente etc.) et le deuxième étant celui de l'employé même (quel sera l'effet sur son moral, sa santé etc.). On pourrait imaginer des solutions à cela. Premièrement, aménager le principe de pénibilité à ces composantes - physiques et "mentales" - pour que celui-ci soit plus juste et plus "réaliste". Le but n'étant pas de se retrouver avec une armée de travailleurs vieux et dépressifs. Deuxièmement, on pourrait imaginer de réserver certains emploies pour la fin de la vie active. Par exemple, pourquoi ne pas transformer les professeurs en inspecteurs à partir d'un certain âge ? Les plus capables de contrôler l'efficacité d'un professeur sont bien ceux qui on enseigné pendant des dizaines d'années, non ? De même, ce travail peut être considéré comme moins usant et fatiguant.


Bref, tout cela pour dire que le problème est bien réel, et qu'il n'existe aucune solution parfaite. Je ne prends pas position sur la réforme qui vient de passer au Sénat. Je ne me suis pas renseigné sur l'ensemble des propositions. Je sais qu'ils y en a qui sont injustes, mais je reste conscient de la nécessité d'une réforme dans ce domaine. Là où en revanche je ne peux que m'opposer au gouvernement, c'est en ce qui concerne les procédures qui ont été utilisées pour faire passer cette loi. Aucune concertation. Aucune prise en compte de mobilisations massives. Une soit-disant urgence nécessitant des mesures exceptionnelles, alors que cela fait 20 ans que l'urgence est là. Et c'est peut-être contre cette impression de démocratie bafouée que manifestent les jeunes et les moins jeunes. Parce que dans un mouvement social de longue durée comme celui-ci, c'est parfois plus le sentiment diffus de frustration et de "on nous prend pour des cons" qui mobilise, plutôt que la revendication de modification de la loi elle-même.